Pour certaines associations de malades, pas de doute : un pas supplémentaire vient d’être franchi en matière de prise en charge de la douleur. Depuis la parution d’un décret au Journal officiel le 8 juin, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a la possibilité d’« octroyer une autorisation de mise sur le marché (AMM) à des spécialités pharmaceutiques à base de cannabis (tétrahydrocannabinol [THC], NDLR) ou de ses dérivés », précise le texte. Le décret permet également au directeur de l’ANSM d’autoriser « les opérations de fabrication, de transport, d’importation, d’exportation, de détention, d’offre, de cession, d’acquisition ou d’emploi relatives à ces spécialités ». Si la consommation de cannabis à des fins récréatives reste totalement interdite en France, pour la première fois cette substance n’est plus seulement considérée comme un stupéfiant. Son usage dans un cadre thérapeutique est désormais possible, mais uniquement sous la forme de médicament : en spray ou en gélule.
Un antalgique reconnu
Il y a quelques mois, le ministère de la Santé s’était dit favorable à l’étude d’une éventuelle AMM pour le Sativex, un spray buccal à base de cannabis déjà commercialisé dans plusieurs pays (Canada, Allemagne, Royaume-Uni, République Tchèque, Espagne...) pour lutter contre les douleurs et les contractures liées à la sclérose en plaques et pour soulager les malades de certains cancers en phase terminale. « C’est une belle surprise […], s’était alors réjoui dans les colonnes du Monde Fabienne Lopez, présidente de Principes actifs, une association militante pour le cannabis thérapeutique, et une petite victoire pour les malades qui, jusque-là, avaient bien du mal à se faire entendre dans un débat très politique ». Le Sativex devrait donc prochainement faire l’objet d’une évaluation de la part de l’ANSM. Jusqu’à présent, un seul médicament dérivé des cannabinoïdes, le Marinol (dronabinol), pouvait être prescrit en France pour lutter contre les douleurs chroniques et les nausées liées aux chimiothérapies ou encore pour stimuler l’appétit des malades du sida sous trithérapie. Des prescriptions exceptionnelles, délivrées uniquement dans le cadre d’une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) donnée par l’ANSM.