Une première prescription de cannabis pour un usage médical a été délivrée vendredi 26 mars à un patient au CHU de Clermont-Ferrand, en présence du ministre de la Santé, Olivier Véran, lançant ainsi en France l’expérimentation du cannabis thérapeutique.
Celle-ci permettra de tester, en conditions réelles et pendant deux ans, la mise en place d’une politique publique. Elle concernera au total 3 000 patients, qui seront suivis dans 215 structures volontaires sélectionnées par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
Un premier patient a été inclus dans l’expérimentation du #CannabisMédical au @CHUClermontFd le 26 mars 2021
Cette inclusion marque le lancement de l’expérimentation qui se poursuit dès aujourd'hui dans l’ensemble des 200 structures de référence➕ d'info https://t.co/OWC9kv6TsC pic.twitter.com/t1fV0TmHqa
— ANSM (@ansm) March 29, 2021
Évaluer la faisabilité du projet
Cette expérimentation n’a pas vocation à démontrer ou non l’efficacité de la plante dans le traitement de maladies ou de symptômes. Elle doit évaluer la faisabilité du projet dans son ensemble, autrement dit la prescription par les médecins, la délivrance par les pharmaciens, l’approvisionnement (le cannabis ne sera pas pour l’instant cultivé en France), le suivi des patients, etc. Bien entendu, les données récoltées permettront quand même de mesurer l’efficacité, mais aussi la sécurité, de l’utilisation du cannabis dans un cadre médical.
Pour quels patients ?
Le ministère des Solidarités et de la Santé précise que l’usage du cannabis thérapeutique ne sera permis que dans cinq indications : « Les douleurs neuropathiques réfractaires aux traitements accessibles, certaines formes d’épilepsie sévères et résistantes aux médicaments, certains symptômes rebelles en oncologie, certaines situations palliatives et la spasticité [contraction musculaire réflexe très forte, NDLR] douloureuse accompagnant certaines maladies du système nerveux central. » Le traitement par le cannabis à usage médical ne sera toutefois autorisé qu’en « dernière ligne », c’est-à-dire uniquement en cas d’échec des autres traitements existants. Enfin, les patients souffrant de maladies cardiovasculaires ainsi que ceux atteints de psychose ou de schizophrénie ne seront pas éligibles. Les premiers courent en effet un risque de voir leur pression artérielle modifiée en raison de la présence de THC (tétrahydrocannabinol), la molécule psychotrope du cannabis ; les seconds, eux, toujours à cause de cette molécule, peuvent voir leur maladie s’aggraver. « Par ailleurs, le cannabis à usage médical sera contre-indiqué par précaution chez la femme enceinte et allaitante. La mise en place d’une contraception efficace pour les femmes en âge de procréer sera demandée par le prescripteur lors de la première consultation », souligne l’ANSM.
Un cadre d’expérimentation bien défini
L’expérimentation sera menée par des centres de référence hospitaliers, spécialisés dans les indications retenues. Pour y participer, les patients devront en parler au médecin qui les suit afin qu’il prenne contact avec un centre de référence. Pas question, bien sûr, de fumer des joints dans son lit d’hôpital. Les médicaments qui seront administrés « se présenteront sous la forme de fleurs séchées de cannabis pour inhalation par vaporisation et de formes orales et sublinguales à base d’extraits de cannabis solubilisés dans de l’huile », précise l’ANSM.
Les fleurs du cannabis renferment deux molécules qui intéressent les médecins : le delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD). Le THC est la substance psychoactive qui procure « l’effet planant ». Mais le THC possède également des vertus anti-inflammatoires, antalgiques (antidouleur), antiépileptiques, antiémétiques (antinausées) et il peut agir aussi comme décontractant musculaire. Le CBD, lui, est intéressant pour ses effets sédatifs et relaxants. Quant à son apport thérapeutique, il n’est pour l’instant pas démontré.