Dans un communiqué publié le 29 avril, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) annonce une modification concernant les conditions de prescription et de délivrance des traitements anticancéreux utilisant le 5-FU et ses dérivés. Un test de toxicité préalable sera désormais systématiquement réalisé, ce qui, malgré les recommandations officielles, n’était pas le cas dans tous les hôpitaux. Pour éviter tout risque et adapter au mieux le traitement, une simple prise de sang est nécessaire. Recommandée par les autorités sanitaires, elle est dorénavant obligatoire.
Des cas d’intoxication rares mais potentiellement graves
Cette décision était attendue depuis longtemps par l’Association francophone de défense des victimes du 5-FU et analogues présentant un déficit en DPD, car les chimiothérapies à base de 5-FU peuvent entraîner des effets toxiques très rares mais parfois mortels chez certaines personnes. Utilisés en chimiothérapie depuis plus de soixante ans, ces médicaments sont prescrits à près de 90 000 patients chaque année en France pour traiter les tumeurs cancéreuses (sein, ORL, système digestif). Si la majorité d’entre eux le supporte, d’autres sont en revanche dans l’incapacité d’éliminer correctement le produit. Toxique pour les tumeurs, le 5-FU peut donc l’être aussi pour le malade. « Les chimiothérapies à base de 5-fluorouracile (5-FU) ou de capécitabine exposent certains patients à des effets indésirables, parfois graves », souligne l’ANSM. Ces médicaments puissants ont pour rôle d’empêcher la synthèse d’ADN dans les cellules cancéreuses. Or il arrive parfois que des patients connaissent un déficit, voire l’absence totale d’une enzyme du foie, la DPD, chargée d’éliminer le 5-FU. Il est donc crucial de vérifier, avant d’administrer le produit, que le patient possède bien cette enzyme. Le déficit en DPD est un phénomène rare : entre 0,05 % et 0,1 % de la population présente un déficit complet et 3 % à 8 % un déficit partiel.