Le robot mis au point par la start-up française Quantum Surgical a permis à une équipe chirurgicale de l’institut Gustave-Roussy de Villejuif de détruire des lésions cancéreuses au niveau du foie sans avoir à pratiquer d’incision. La première mondiale a été effectuée début juin au CHU de Montpellier sur une tumeur primitive du foie et à Gustave-Roussy a été réalisée la première sur des métastases. Ces interventions se sont déroulées dans le cadre d’un essai clinique multicentrique visant à évaluer la sécurité et la performance de ce dispositif robotique pour le placement d’aiguilles dans des tumeurs hépatiques guidées par scanner. Ce sont les deux premières opérations d’un essai clinique en cours qui doit inclure au total vingt patients. Cette nouvelle technique qui associe le robot Quantum Surgical à l’intelligence artificielle (IA) ouvre des perspectives intéressantes aux chirurgiens. Le professeur Thierry de Baere, chef du service d’imagerie thérapeutique de Gustave-Roussy, qui l’a utilisé pour la première fois avec son équipe, en a d’ailleurs souligné la remarquable efficacité. « La procédure s’est parfaitement déroulée, le robot a rempli sa mission avec succès. Le premier patient va bien, il est sorti de l’hôpital », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Plus de chances de réussite
Le foie étant situé dans une région anatomiquement dense en organes vitaux avec la présence d’artères et de veines importantes, l’ablation de cellules tumorales hépatiques est particulièrement délicate. « Pour y accéder il faut aussi passer à travers la peau, le péritoine (fine membrane qui entoure les organes de l’abdomen, NDLR) et souvent entre les côtes », explique le professeur. Le robot nous aide en positionnant avec une précision balistique l’endroit où insérer l’aiguille à travers la peau ainsi que son inclinaison pour atteindre sa cible en suivant un trajet rectiligne sans endommager de tissus. » Pour éliminer les cellules cancéreuses, le spécialiste insère jusqu’au foie, dans la tumeur, une aiguille qui la détruit par la chaleur (radiofréquence ou micro-ondes) ou le froid (cryo-ablation).
Moins de rayons pour le patient
Habituellement, son geste est guidé et contrôlé par imagerie scanner tout au long de la procédure. Des images en 3D sont pour cela réalisées avant et pendant l’intervention afin de permettre au radiologue interventionnel de planifier en amont la position, l’axe et la profondeur à laquelle l’aiguille doit être introduite, puis de la pousser manuellement à travers un guide. Mais grâce au robot, il n’y a plus besoin de faire d’images pendant l’introduction de l’aiguille jusqu’à la tumeur. « Sans [lui], nous devons avancer pas à pas en vérifiant à plusieurs reprises avec le scanner que nous suivons bien le trajet que nous avons préalablement planifié, avec souvent des itérations et des repositionnements », précise Thierry de Baere. On évite ainsi aux patients des rayons supplémentaires pendant l’opération. » C’est en effet l’appareil qui planifie le trajet de l’aiguille, qui calcule la meilleure position, le meilleur axe et la profondeur idéale à laquelle elle doit être introduite dans la métastase ainsi que le volume cible. Son bras articulé se place automatiquement dans la bonne position.