La France est à la traîne en matière de vaccination contre le papillomavirus humain (HPV) et de dépistage du cancer du col de l’utérus, estime la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale (SFCPCV) qui s’est réunie, pour son congrès national, les 13 et 14 janvier à Paris. Ce cancer, qui selon les experts devrait être une « maladie du passé », touche encore 2 800 femmes par an et provoque le décès d’un millier d’entre elles. Face à ce constat alarmant, la SFCPCV met en cause une couverture vaccinale insuffisante et une faille dans le dépistage.
15 % de couverture vaccinale
Le vaccin contre le HPV est recommandé depuis dix ans aux jeunes filles âgées de 11 à 14 ans, avec un rattrapage possible jusqu’à 19 ans. « Cette vaccination est d’autant plus efficace que les jeunes filles n’ont pas encore été exposées au risque d’infection par le HPV, qui intervient le plus souvent au tout début de la vie sexuelle », rappelle l’Institut national du cancer (Inca). Pourtant, il est boudé par les jeunes filles et le taux de couverture vaccinal, en baisse depuis 2010, n’est que de 15 % (contre 90 % en Finlande et 85 % au Royaume-Uni). « Cette faible couverture ne permet pas de bénéficier de l’efficacité constatée dans les autres pays » signalait déjà en 2014 le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) dans un rapport qui recommandait « la mise en place de modalités d’administration de la vaccination permettant d’atteindre un pourcentage élevé de jeunes filles, indépendamment de leur niveau social ».
Le vaccin existe actuellement sous deux formes : le Gardasil, qui protège contre les HPV de types 6, 11, 16 et 18, et le Cervarix, qui protège contre les HPV de types 16 et 18. Ces deux derniers types sont les plus redoutés, car ils provoquent 70 % des cancers invasifs et des lésions précancéreuses du col de l’utérus dans le monde. Un nouveau vaccin, qui couvrira neuf types d’HPV et offrira ainsi une meilleure protection, devrait voir le jour d’ici à la fin de l’année.
Vers un dépistage organisé
Autre cheval de bataille de la SFCPCV : le dépistage du cancer du col de l’utérus. Le frottis vaginal est recommandé tous les trois ans de 25 à 65 ans. Il n’est cependant réalisé que par 50 à 60 % des femmes, et ce malgré les campagnes d’information organisées par les autorités sanitaires. Pour les experts, le « dépistage est insuffisant et imparfait ». Ils recommandent donc de remplacer le frottis par un test HPV et d’organiser le dépistage au niveau national. Cette dernière proposition va d’ailleurs dans le sens de l’Inca, qui a fait du dépistage organisé du cancer du col de l’utérus l’un de ses « objectifs prioritaires ». Après une phase d’expérimentation menée dans treize départements, l’institut fera paraître un cahier des charges définitif fin 2017.