Dans le BEH, sa publication scientifique hebdomadaire, du 15 novembre, Santé publique France recommande aux médecins de moins prescrire l’analyse du taux du PSA (en anglais, prostate specific antigen) dans le sang pour dépister un éventuel cancer de la prostate. Cet examen, qui consiste à évaluer, à partir du dosage du PSA, la probabilité de la présence d’une tumeur est en effet massivement pratiqué en France. S’appuyant sur différentes études menées au cours des dernières années, Norbert Ifrah, président de l’Institut national du cancer (Inca), et François Bourdillon, directeur général de Santé publique France, s’interrogent, dans leur éditorial du BEH : « Le caractère quasi-systématique du dépistage n’induit-il pas des excès de diagnostics et un surtraitement pour des personnes qui n’auraient pas eu à subir les conséquences de ce cancer de leur vivant ? » Le cancer de la prostate évoluant en général lentement, ils soulignent que la mortalité spécifique à dix ans est faible.
Un dépistage à grande échelle
La France est championne en matière de tests de dépistage du cancer de la prostate, le cancer le plus fréquent chez l’homme de plus de 50 ans. En 2014, 48 % des hommes de plus de 40 ans et 90 % des hommes âgées de 65 à 79 ans avaient en effet réalisé un dosage du PSA dans les trois années précédentes. Les experts en concluent que « l’augmentation du nombre de cas diagnostiqués est probablement essentiellement due à la pratique croissante du dosage du PSA ». Pourtant, depuis trente ans, la question de la pertinence de ces dépistages de masse est posée par les spécialistes. Parmi les cancers détectés, beaucoup, d’après l’Inca, seraient restés asymptomatiques et n’auraient pas nécessité de traitement. Or le dosage du PSA ne permet pas d’établir avec certitude s’il faut procéder ou non à l’ablation de cette glande de l’appareil génital masculin.
Mieux informer sur les conséquences du traitement
L’opération chirurgicale et la radiothérapie peuvent avoir des conséquences graves, rendre impuissant ou incontinent. Si les traitements sont efficaces, le patient doit cependant être informé de l’importance des effets indésirables pouvant affecter sa qualité de vie. Dans l’objectif de ne plus procéder à un dépistage systématique et pour éviter le surtraitement, l’Inca, associé au Collège de la médecine générale, a élaboré des documents pour permettre à la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts) de communiquer sur ce sujet avec les généralistes.