« Je n’avais plus de vie, j’étais pris dans une spirale », « Ils disent que je suis vulnérable, c’est faux, c’est la situation qui m’a fragilisée »… : des témoignages touchants concernant le burn-out foisonnent dans le journal Libération du 26 mai dernier, qui y consacre quatre pages. Un sénateur socialiste parle même de ce syndrome d’épuisement professionnel pouvant mener à la dépression comme de la nouvelle maladie des temps modernes : « Il faut traiter les effets, mais également les causes qui peuvent naître de l’organisation du travail dans les bureaux ou les ateliers. »
C’est dans ce sens que Benoît Hamon avait déposé des amendements, soutenu par trente autres députés, pour que le burn-out soit reconnu comme une maladie professionnelle – aujourd’hui, celui-ci est intégralement pris en charge par le régime général de la Sécurité sociale, sous le terme « dépression nerveuse ».
Pour une prise de conscience des entreprises et des employeurs
Dans les médias, Benoît Hamon se targuait de vouloir faire comprendre aux entreprises et aux employeurs leur rôle dans ce syndrome, quand ils sont en cause, bien sûr, notamment pour que l’Assurance maladie ne soit plus seule à en assumer les dépenses.
Mais jamais deux sans trois : pour la troisième fois en deux ans, les amendements ont été rejetés mercredi 27 mai. Selon la commission des finances de l’Assemblée, ils entraîneraient des hausses de dépenses publiques, sans préciser de recettes supplémentaires. Dans la nuit du jeudi 28 au vendredi 29 mai, cependant, sursaut de l’Assemblée nationale, qui a inscrit dans le projet de loi que « les maladies psychiques peuvent être reconnues comme maladies professionnelles ». Un pas vers la reconnaissance, puisque la branche travail de la Sécurité sociale, financée par les entreprises elles-mêmes, paierait ainsi pour le burn-out – bien qu’il ne soit pas encore reconnu sous ce nom. Un progrès, un assouplissement, donc, mais somme toute relatif, car pour le ministère du Travail, « le diagnostic est complexe à poser », avec une ligne ténue entre le stress de la vie privée et celui de la vie professionnelle. Par le biais de la publication d’un guide sur le burn-out, le ministère insiste également sur l’importance de la prévention, notamment pour les employeurs, afin qu’ils détectent et comprennent mieux ce syndrome.