Les entreprises devront-elles bientôt assumer le coût du burn-out de leurs salariés ? C’est en tout cas l’idée défendue par une trentaine de députés de la majorité dans une tribune du Journal du dimanche (JDD) publiée le 6 décembre. Et ils sont loin d’être les premiers à évoquer le sujet : le 1er décembre, des médecins les ont précédés dans l’hebdomadaire Marianne. A l’origine de ce mouvement qui rassemble de plus en plus de monde, il y a un premier appel, lancé en janvier dernier, à l’initiative du cabinet Technologia, spécialiste des risques psychosociaux, et signé par plus de 73 000 personnes. Selon les députés, la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle est une étape indispensable à la prise en charge de la pathologie par « ceux qui en sont responsables, c’est-à-dire les employeurs ». « Aujourd’hui, un salarié sur quatre du secteur privé déclare avoir eu un problème psychologique grave au travail et, selon la même source (Baromètre Cegos, novembre 2014, NDLR), 26 % des salariés et 22 % des manageurs estiment que le travail a été directement à l’origine de leurs troubles, plus de 50 % disant subir un stress régulier au travail », précisent les signataires de la tribune dans le JDD. D’après une étude du cabinet Technologia publiée en janvier, 3,2 millions d’actifs seraient « en situation de risque élevé d’épuisement nerveux ».
Mettre fin à une situation « inéquitable »
Actuellement, les premières conséquences de cet épuisement professionnel sévère – l’arrêt maladie ou le congé thérapeutique – sont supportées par le régime général et donc par « la collectivité dans son ensemble ». Cela représente environ 1 milliard d’euros dans les comptes de la Sécurité sociale. « Faire ainsi basculer le financement des effets du burn-out sur la branche accident du travail et maladies professionnelles – financée par les cotisations patronales à 97 % – mettrait fin à une situation inéquitable », estiment les députés. Ces derniers proposent donc que le tableau des maladies professionnelles intègre deux éléments nouveaux : « la dépression suite à un épuisement profond » et « le stress post-traumatique au travail ». Ces modifications pourraient résulter d’une négociation avec les partenaires sociaux par le biais des conventions collectives ou d’une décision du gouvernement suite à une concertation. Aujourd’hui, seuls quelques cas de burn-out par an sont reconnus comme maladie professionnelle. Pour cela, l’épuisement doit avoir entraîné une incapacité permanente de 25 % – ce qui est difficile, voire impossible à évaluer sur le plan psychique – et des liens directs avec le travail doivent avoir été démontrés par le salarié, ce qui n’est pas une mince affaire. « En suscitant le dialogue entre les partenaires sociaux sur l’organisation du travail, nous basculerons […] d’un modèle de réparation minimale à un modèle de prévention du burn-out au sein des entreprises », concluent les députés.