Depuis la publication, le 19 octobre 2010, d’un décret relatif à la télémédecine (loi Hôpital, patients, santé et territoires), la téléconsultation est clairement définie : il s’agit d’une véritable consultation via Internet (avec ou sans webcam) ou par téléphone entre un ou plusieurs médecins et un patient. Ce dernier peut « téléconsulter » en première intention, avant de se rendre au cabinet du professionnel de santé, ou en deuxième intention, par exemple dans le cadre du suivi d’une maladie chronique ou parce que son médecin traitant souhaite avoir un deuxième avis, de la part d’un spécialiste.
Comment ça marche ?
Ce sont les agences régionales de santé (ARS) qui donnent leur autorisation, en fonction des besoins de la population et en concertation avec les professionnels de santé, les élus et l’Assurance maladie, pour que ces consultations soient remboursées. Les médecins font des prescriptions, comme dans une consultation classique. Les ordonnances peuvent ensuite être envoyées au patient ou au pharmacien par e-mail ou par voie postale. « Seuls les médecins autorisés à exercer en France peuvent réaliser des consultations dans des conditions définies par le décret qui en garantissent le sérieux, précisait Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, en 2010, à l’occasion de la parution du décret. Des professionnels de médecine de haut niveau, notamment les radiologues et les ophtalmologues, ont montré que la télémédecine était très utile pour les patients. »
Supprimer la distance, pour un meilleur accès aux soins
Tout le territoire n’est pas pourvu de manière égale en médecins. Dans certaines zones défavorisées, la téléconsultation rapproche donc les spécialistes des patients. Elle permet aux médecins traitants d’obtenir des expertises supplémentaires en communiquant des images, des résultats d’examens…
La qualité des soins est préservée, ainsi que le confort du patient. Ce type de consultation peut en effet être intéressant pour les personnes atteintes d’une maladie chronique (insuffisance cardiaque, diabète…) ou pour celles souffrant d’une perte d’autonomie. Elle leur évite d’avoir à se déplacer lorsqu’il s’agit d’un contrôle ou d’un ajustement de la posologie du traitement. Les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) font également appel à la technologie pour mettre en place des consultations à distance par visioconférence qui permettent aux pensionnaires de bénéficier des services des médecins en restant chez eux. Ces séances sont programmées et s’effectuent entre le médecin de garde de l’établissement, le patient et le professionnel de santé. Un chariot de télémédecine est installé dans la chambre du patient. Des données de santé sont recueillies via les équipements connectés au chariot et saisies dans le dossier du résidant. Enfin, un compte rendu de la consultation est enregistré par le médecin de garde.
Pour la Mutualité française, « la e-santé est un véritable progrès, qui offre de nombreuses opportunités pour mieux organiser le système de santé ». Cet organisme, qui fédère 426 mutuelles santé, voit dans la téléconsultation la solution pour résoudre les inégalités en termes d’accès aux soins, à la prévention et à l’information : « Grâce à la téléconsultation, on peut aujourd’hui rapprocher l’expertise médicale de toutes les communes de France. Réaliser une image médicale ou un fond d’œil, mener un premier examen clinique dans une cabine de télémédecine et faire analyser ces informations par un spécialiste situé à des centaines de kilomètres constitue une avancée incontestable. Cela permet de lutter efficacement contre les déserts médicaux et d’organiser une meilleure prévention. »
Allô, docteur ?
Certains organismes de complémentaire santé et de prévoyance proposent quant à eux des consultations par téléphone entre les bénéficiaires d’un contrat santé et des médecins généralistes. Lors de ces consultations, le secret médical est garanti. Le médecin fait le point sur la situation du patient et établit un diagnostic. Au besoin, il peut aussi transmettre une ordonnance au pharmacien choisi par l’assuré. Ce type de service ne se substitue en aucun cas à une visite chez le médecin traitant, qui reste le pivot du parcours de soins, à un passage aux urgences ou à une consultation spécialisée. Aucun arrêt de travail, certificat médical ou renouvellement d’ordonnance ne peut d’ailleurs être délivré.
Bien entendu, certains diagnostics ne peuvent se faire au téléphone, par exemple en cas de maux de ventre. Une automédication peut être indiquée lors de ces consultations, mais, si les douleurs perdurent au-delà de plusieurs heures, le patient sera réorienté vers le cabinet d’un médecin, pour que ce dernier procède à une palpation.
Consulter depuis son ordinateur
Des plateformes délivrent déjà, depuis quelques années pour certaines, des avis médicaux via Internet. Un bouton qui démange ? Pas le temps d’aller chez le dermato ou des délais d’attente trop longs ? Il suffit de poster une photo sur le site pour qu’un médecin vous réponde. Cela paraît simple et pratique, mais ce n’est pas gratuit, car ces sociétés privées, qui travaillent avec des médecins, ont une vocation commerciale. Ponctuellement, ces nouvelles pratiques de télémédecine peuvent « dépanner ». Elles présentent l’avantage d’offrir des réponses rapides et sont évidemment très encadrées, mais elles ne sont qu’une première étape avant une « vraie » téléconsultation médicale, inscrite dans le parcours de soins.