Alpha taxis : roulez coopératif !

, par  Mutuelle Mucs

Si le métier de chauffeur de taxi implique le contact avec la clientèle, paradoxalement il se caractérise aussi par un fort isolement. Mais il est également synonyme de liberté. Quel autre statut que celui de coopérative pouvait mieux concilier besoin de protection et indépendance ? Premier groupement coopératif de taxis parisiens, Gescop, plus connu sous le nom de sa marque Alpha taxis, propose une troisième voie entre artisanat et précarité et se fait fort d’offrir une protection sociale étendue à ses 1 133 sociétaires coopérateurs.

Dans le dernier quart du XIXe siècle, les cochers parisiens se structurent en coopératives pour s’assurer une meilleure protection. Elles disparaissent à la fin de la Première Guerre mondiale avec l’avènement de l’automobile, et avec elles s’éteint le modèle coopératif. Jusque dans les années 60, les chauffeurs de taxi sont salariés des compagnies privées ou de petits loueurs. A la fin de la décennie, le secteur est en crise et les grèves se succèdent jusqu’aux ordonnances de 1967, qui donnent la possibilité aux compagnies de transférer leur capital aux salariés, une aubaine pour des propriétaires qui souhaitent se débarrasser de sociétés qu’ils ne jugent pas assez rentables.

Plus forts ensemble

Le propriétaire de Barco et Taxicop (500 taxis à l’époque) vend ainsi son entreprise à ses chauffeurs salariés. Les deux entités se transforment en société coopérative et participative (Scop) en 1970. GAT, une autre compagnie « historique » reprise par ses chauffeurs, fait le même choix. En 1977, les trois Scop se regroupent autour de valeurs identiques et forment le groupement d’intérêt économique (GIE) Gescop, un outil administratif qui prend en charge la comptabilité et la gestion administrative des Scop et des sociétaires coopérateurs, géré par les présidents élus des Scop. Un an plus tard, elles fondent une SCI pour l’acquisition d’un immeuble où toutes les fonctions support mutualisées sont regroupées.
JPEG« Nos chauffeurs conservaient leur statut de salariés et restaient affiliés au régime général de la Sécurité sociale, tout en étant indépendants », indique Gilles Boulin, le président-directeur général (PDG) de Barco et codirecteur de Gescop depuis 2001, après avoir été chauffeur pendant vingt-deux ans. « Il a fallu se battre pour conserver ce statut », préservé grâce un décret d’octobre 1976. Fiscalement, les sociétaires travailleurs indépendants sont soumis aux bénéfices industriels et commerciaux (BIC) et à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) ; socialement, leur organisme de tutelle est bien l’Union de recouvrement des cotisations de Sécurité sociale et d’allocations familiales (Urssaf), quand les autres chauffeurs indépendants relèvent du régime social des indépendants (RSI). « Chez nous, un chauffeur égale une autorisation (licence) égale une voix », rappelle Gilles Boulin, si bien que chaque chauffeur est propriétaire de 1/1 133 du groupement.
Avec l’essor d’Internet et le développement des véhicules de tourisme avec chauffeurs (VTC), les coopératives de taxis doivent faire face à une nouvelle offensive. A nouveau, Gescop fait peser le poids de ses presque 1 200 sociétaires pour que la loi Thévenoud du 1er octobre 2014 réglementant la profession intègre un amendement, baptisé « Gescop », qui sauve une fois de plus le statut des coopérateurs. Au 1er janvier 2017, les chauffeurs de taxi se répartiront entre les artisans et les locataires-gérants au RSI, d’une part, et les salariés et les travailleurs indépendants associés à l’Urssaf, d’autre part.

Mutualisation et solidarité

« Nous avons mis en place des outils qui libèrent les chauffeurs des tâches administratives et leur permettent de se consacrer pleinement à leur métier », explique Gilles Boulin : le GIE, la SCI, un atelier de réparation des véhicules « qui offre un service très rapide aux sociétaires des Scop », une centrale d’appels (Alpha taxis, l’enseigne commerciale du groupe), un atelier de métrologie (taximètre et lumineux), un centre de formation initiale et continue – une obligation, quand les chauffeurs sont tenus de se former tous les cinq ans –, des stages de sensibilisation routière, la mise en forme de la comptabilité pour chaque chauffeur afin de faciliter ses déclarations fiscales.
S’y ajoute Mutacop, fonds de solidarité « unique dans la profession », qui couvre les charges d’exploitation des chauffeurs en arrêt maladie ou victimes d’un accident du travail. « Mutacop va au-delà du fonds de solidarité, étant donné qu’il prend également en charge des primes de départ à la retraite, souligne Gilles Boulin. Ce service est vite apparu indispensable, puisqu’il sécurisait les individus et la Scop : un chauffeur met la Scop en péril s’il ne peut pas payer ses charges. »

Une protection efficace

« Pendant longtemps, la profession de taxi a constitué une opportunité de transition professionnelle pour des personnes licenciées qui peinaient à retrouver du travail, précise Gilles Boulin. Aujourd’hui, c’est une voie d’intégration pour les jeunes défavorisés, qui deviennent travailleurs indépendants, en quête d’autonomie. » Gescop intègre 10 % de nouveaux sociétaires chaque année, qui remplacent les chauffeurs partis à la retraite ou en reconversion professionnelle. Les candidats à l’entrée dans la coopérative sont pour moitié d’anciens du RSI à la recherche d’une protection stable. « Notre couverture sociale, sécurisée et lissée sur l’année, est bien meilleure ; elle est identique quel que soit l’âge de nos chauffeurs ou leur rythme de travail. Les cotisations sont régulières, alors qu’elles ne cessent de fluctuer au RSI. » Et parce que la protection sociale est bien au cœur du projet du GIE, « nous cotisons à hauteur de 8 % pour la retraite complémentaire au lieu des 6 % légaux », ajoute Gilles Boulin.
Ne manquait plus que la mutuelle santé pour une couverture sociale vraiment complète. Et c’est à la Mucs que Gescop a choisi d’adhérer, car « nous sommes tous confrontés à la maladie, voire aux accidents, conclut le codirecteur. Il était essentiel que nous soyons tous bien couverts. La Mucs vient en complémentarité de notre mutuelle professionnelle [Mutacop]. Aujourd’hui, ne pas disposer d’une mutuelle, c’est l’assurance de ne pas être correctement soigné ».

 

GIFLe premier réseau de taxis conventionnés pour le transport de malades
Si Alpha taxis assure depuis longtemps un service de transport de malades assis, il est aujourd’hui conventionné par la Sécurité sociale pour le transport de tout malade, un conventionnement ouvert aux taxis parisiens depuis 2009 seulement. Le conventionnement facilite les règlements et dispense de l’avance de frais pour les malades. Il participe également au dispositif Paris accompagnement mobilité (PAM), un service proposé par la ville de Paris pour les personnes à mobilité réduite.
Pour joindre Alpha taxis, un seul numéro : 01 45 85 85 85. Réservez aussi sur Alphataxis.fr.

 

 

Crédit photos : © Gescop.

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