En France, les personnes atteintes d’une affection de longue durée (ALD) comme le cancer, le diabète ou l’insuffisance rénale chronique bénéficient en principe d’une prise en charge à 100 % des dépenses de santé liées à leur maladie. Mais, malgré ce dispositif, ils doivent régler de nombreux frais de leur poche, rappelle une étude publiée récemment par l’Observatoire citoyen des restes à charge, composé du Collectif interassociatif sur la santé (CISS), du magazine 60 Millions de consommateurs et du réseau de soins Santéclair. Parmi ces frais : le forfait journalier à l’hôpital (18 euros par jour), la chambre particulière (65 euros la nuit), les dépassements d’honoraires et toutes les dépenses de santé qui ne sont pas liées directement à leur maladie. Or ces patients, plus fragiles que les autres assurés sociaux, sont davantage exposés aux ennuis de santé comme les problèmes dentaires, auditifs ou de vue. Et dans ces domaines, les soins sont, comme pour le reste de la population, plutôt mal remboursés.
Jusqu’à 1 700 euros en moyenne de reste à charge
D’après l’observatoire, en 2013, les dépenses de santé annuelles totales d’un patient en ALD (6 300 euros en moyenne) ont été prises en charge à 88 % par l’Assurance maladie. Le reste à charge moyen s’élève donc à 752 euros avant remboursement de la complémentaire santé. A peine plus, finalement, que pour une personne sans ALD (673 euros). Le dispositif semble donc, « globalement », « réduire les inégalités d’accès aux soins », constate l’observatoire. Dans le détail, cependant, la situation est plus nuancée : pour les 10 % des patients en ALD qui consomment le plus de soins, le reste à charge s’est élevé, toujours en 2013, à plus de 1 700 euros. Et ce n’est pas tout : ces moyennes cachent en réalité « pour les personnes étant les plus confrontées aux soins, des restes à charge pouvant exploser dans certains cas pour atteindre plusieurs milliers, voire des dizaines de milliers d’euros », précise l’étude, rappelant également que « c’est bien sur le tarif Sécu que s’applique la prise en charge à 100 % au titre de l’ALD et pas sur les prix effectivement pratiqués ».
Les postes « oubliés »
En plus de cela, il faut encore ajouter tous les soins et produits hors nomenclature, ces postes « oubliés », pourtant « utiles, voire indispensables à la vie sociale et à l’image de soi ». L’observatoire cite, par exemple, dans le cas du cancer, l’hydratation du corps et du cuir chevelu après les séances de chimiothérapie et la perte de cheveux, les produits capillaires nécessaires à la repousse, les activités physiques indiquées pour réduire les risques de récidive, la brosse à dents chirurgicale (les gencives étant très sensibles après la chimio)… Autre exemple : dans le cadre d’un cancer du sein, malgré une prise en charge assurée à 100 % sur certaines prothèses mammaires, le reste à charge moyen de la reconstruction totale atteint 1 391 euros. Un coût qui s’explique par les frais de transports pour se rendre aux consultations et bénéficier des soins, les dépassements d’honoraires, le tarif des prothèses non intégralement remboursées, le coût des soutien-gorge adaptés ou encore les consultation de psychologie.
Pour finir, l’étude souligne tout l’intérêt qu’ont les patients à souscrire à une complémentaire santé. « En fonction du contrat souscrit […], elles peuvent prendre en charge 36 à 89 % du reste à charge moyen après remboursement de l’Assurance maladie », conclut l’étude.