« En France, on compte près de 43 millions de consommateurs d’alcool », explique l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Dans un rapport publié le 4 juin, l’institution dresse un état des lieux de la consommation d’alcool et des dommages qu’elle entraîne sur les plans sanitaire, social et financier. Ce rapport commandé par la Direction générale de la santé et la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) formule également des pistes de recherche et d’action pour les réduire. « La mortalité attribuable à l’alcool est plus élevée en France qu’ailleurs en Europe », soulignent les auteurs de l’étude, qui précisent qu’elle y est responsable de 11 % des décès pour les hommes et de 4 % pour les femmes chez les 15 ans et plus, soit 41 000 décès (30 000 chez les hommes et 11 000 chez les femmes, selon les derniers chiffres datant de 2015).
Quelles sont les consommations d'#alcool en France 🇫🇷 ? Quels sont les effets sur la #santé de l'alcool ?
Retrouvez les principaux constats de l'expertise #Inserm en vidéo📽️ pic.twitter.com/QkxX6b0OYO— Inserm (@Inserm) June 4, 2021
Une consommation banalisée et encouragée par la pub
Santé publique France a beau marteler que l’alcool, « c’est pas plus de deux verres par jour et pas tous les jours », « chez les adultes, la consommation moyenne par jour est de 27 grammes d’alcool pur par personne (soit près de trois verres) », note l’Inserm. Les jeunes ne sont pas épargnés. « Expérimentée pour la première fois à l’adolescence, la consommation d’alcool devient régulière (10 fois ou plus/mois) pour 8 % des jeunes de 17 ans, tandis que 40 à 50 % d’entre eux déclarent avoir au moins une alcoolisation ponctuelle importante (cinq verres ou plus en une seule occasion) mensuelle », constatent les auteurs du rapport.
Les experts de l’Inserm expliquent ces niveaux élevés de consommation en France par « le prix de l’alcool, sa disponibilité ou encore les normes relatives à sa consommation [qui] sont associés à des perceptions positives et donc incitent à boire ».
Ils insistent sur le rôle du marketing, « primordial dans les comportements d’alcoolisation des jeunes », notamment sur internet et les réseaux sociaux où la publicité est peu régulée.
Mieux encadrer le marketing des alcooliers
Afin de changer cette situation préoccupante, les experts se prononcent en faveur d’un durcissement de la loi Évin sur la régulation de la publicité et l’encadrement de la vente d’alcool. En France, cette loi de 1991 encadre la lutte contre les dommages liés à la consommation d’alcool (et de tabac), mais les spécialistes constatent que, « dans sa version actuelle, en plus de n’être pas toujours respectée, elle a été considérablement modifiée et affaiblie sous l’effet du lobbying des producteurs d’alcool ».
Ils préconisent donc d’interdire la publicité sur internet, dans l’espace public et de contrer les effets du marketing par une meilleure visibilité des avertissements sanitaires. En parallèle, une augmentation du prix des taxes leur semble nécessaire. Ils proposent donc une taxation par gramme d’alcool, comme pour la taxe soda, ou un prix minimum, comme en Écosse. Ils soulignent par ailleurs que le vin est très peu taxé. Enfin, ils suggèrent de réduire sa disponibilité (plage horaire de vente et nombre de commerces ou de licences) et de renforcer la prévention en multipliant les campagnes de communication auprès du grand public et en associant davantage les professionnels de santé à la stratégie de prévention.