Dans son rapport rendu public le 17 janvier 2018, la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) a relevé, pour l’année 2016, plus de 10 000 cas de maladies psychiques (dépressions, troubles anxieux et états de stress post-traumatique) reconnus comme accidents du travail (AT).
Alors que le nombre global d’AT, tous secteurs d’activité confondus, affiche un taux « historiquement bas » en 2016, annonce la Cnam, ceux liés aux affections psychiques, eux, sont loin d’être en baisse. Ils représentaient, sur les 626 000 accidents du travail déclarés cette année-là, 1,6 %, contre 1 % en 2011 : « un chiffre assez conséquent, qui n’avait jamais été établi de manière aussi formelle et qui ne cesse d’augmenter », constate l’Assurance maladie.
Les personnes les plus vulnérables
Les personnes les plus affectées ont 40 ans en moyenne et sont majoritairement employées. Cependant, en proportion, ce sont les cadres les plus touchés. Les maladies psychiques concernent aussi particulièrement les femmes (près de 60 % des cas), notamment en raison de leur sur-représentation dans les secteurs les plus exposé, celui de la santé par exemple. Le secteur médico-social regroupe à lui seul 20 % des affections psychiques reconnues comme accidents du travail (alors qu’il emploie 10 % de l’ensemble des salariés). Viennent ensuite les transports (15 %) et le commerce de détail (13 %). L’Assurance maladie note que les professionnels de ces trois secteurs ont en commun le contact avec le public.
Un coût de 230 millions d’euros en 2016
Les affections psychiques ne représentent qu’un coût de 230 millions d’euros pour l’Assurance maladie, un chiffre encore relativement modeste par rapport aux autres pathologies, comme les lombalgies (plus de 1 milliard d’euros) et les troubles musculosquelettiques (800 millions). Le rapport souligne cependant une durée moyenne d’arrêt de travail de cent douze jours pour les affections psychiques, alors que « la moyenne, tous arrêts de travail confondus, s’établit à soixante-cinq jours ». Ils entraînent par ailleurs une incapacité de travail permanente pour 7,5 % des cas, « alors que ce taux vaut environ 5 % pour les AT en général », précise-t-il.
Une reconnaissance difficile
Ces AT liés à une affection psychique sont souvent provoqués par un événement déclencheur externe « même s’il est lié au travail. Il s’agit dans la majorité des cas de chocs ou de stress liés à des situations de violence (agressions, menaces, braquages, attentats) », explique l’Assurance maladie, qui reconnaît aussi un autre type de facteur déclencheur lié davantage aux mauvaises conditions de travail elles-mêmes : l’altercation violente avec un collègue ou avec l’employeur. S’il est assez facile de constater un AT, faire reconnaître une maladie psychique en maladie professionnelle est en revanche beaucoup plus difficile. D’ailleurs, il n’existe pas de tableau de maladie professionnelle correspondant aux affections psychiques. Pour l’instant, l’Assurance maladie préconise surtout un meilleur accompagnement, notamment psychologique, des personnes à risque, ainsi que la mise en place d’actions de prévention au sein des entreprises.