C’est une mauvaise nouvelle, à laquelle nous sommes, hélas, habitués : les plus pauvres sont de plus en plus nombreux en France à renoncer à se soigner, selon le Panorama de la santé de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), publié le 23 novembre, conjointement avec la Commission européenne.
Ce rapport, qui analyse et compare l’état de santé des populations de vingt-huit pays européens, ainsi que les facteurs de risque, les dépenses de santé, l’accès aux soins et la qualité de ces derniers, montre que la crise financière de 2008 a eu d’importantes conséquences concernant l’accès aux soins. Celui-ci n’a depuis cessé de reculer parmi les populations les moins fortunées.
La France relativement bien classée
La population française bénéficie dans sa globalité d’un bon accès aux soins. En 2014, ils étaient 2,8 % à y renoncer (pour des raisons financières, parce que les services ne sont pas disponibles à proximité, ou en raison de temps d’attente jugés trop élevés), contre 3,6 % en moyenne à l’échelle européenne. Ce bon classement est toutefois à nuancer, car l’Hexagone se situe loin derrière des pays comme l’Espagne (1,7 %), la Suède (1,5 %) ou encore l’Allemagne (1,6 %). De plus, l’OCDE estime que le pourcentage se monte même à 6,6 % pour les 20 % de la population ayant les revenus les plus bas. Ce chiffre est au-dessus de la moyenne européenne (6,4 %) pour cette catégorie de personnes.
Des écarts encore plus prononcés pour le dentaire
Comme partout en Europe, où le renoncement aux soins dentaires (prothèses, orthodontie…) atteint 5,5 %, les inégalités se creusent encore en France lorsqu’il s’agit de se rendre chez le dentiste. Chers et mal remboursés par la Sécurité sociale, les soins dentaires sont abandonnés par les moins aisés. En effet, 12 % des Français les plus pauvres y renoncent alors que ce n’est le cas que de 1,6 % des plus riches.
Une mauvaise répartition des médecins
Autre constat : le nombre de médecins par habitant en France (3,3 pour 1 000 en moyenne), bien qu’il reste important, n’a pas augmenté depuis 2000, contrairement à presque tous les autres pays de l’Union européenne (UE). L’OCDE pointe aussi, comme dans la plupart des pays de l’UE, une grande disparité entre les zones urbaines et rurales. En zones urbaines, 4,5 médecins pour 1 000 habitants étaient recensés en 2015 en France, contre 1,4 en zones rurales. Cette mauvaise répartition, qui accentue les difficultés d’accès aux soins, a aussi pour conséquence des hospitalisations qui auraient pu être évitées.
Malgré la part importante de son budget que la France consacre à la santé (11 % du produit intérieur brut, quand la moyenne européenne est de 9 %), et ses bons chiffres d’espérance de vie (82,8 ans en moyenne, hommes et femmes confondus), beaucoup de progrès restent donc à faire, notamment en matière d’accès aux soins et de prévention pour que les Français puissent vieillir en bonne santé.