Plutôt performant, porté par un secteur de recherche dynamique et des structures de soins de qualité, notre système de santé comporte néanmoins de nombreuses failles : « La santé publique et la prévention y sont délaissées, les inégalités sociales devant la maladie et la mort se creusent », rappelle Médecins du monde (MDM). Dans le cadre de l’élection présidentielle, l’ONG vient de lancer un plaidoyer dans lequel elle exhorte les candidats à « défendre et [à] améliorer l’accès effectif aux soins pour tous ». Un accès qu’elle estime aujourd’hui menacé par des parcours administratifs trop complexes, des remboursements en baisse, une offre de soins qui se raréfie ou encore des traitements extrêmement coûteux. Pour inverser la tendance, MDM demande notamment que la France applique « le principe de simplification administrative, indispensable pour lutter contre le non-recours aux droits et aux soins », un phénomène particulièrement répandu dans les populations les plus vulnérables, et réclame une augmentation « du niveau de remboursement des soins par la Sécurité sociale ».
Pour une AME intégrée à la Sécurité sociale
Médecins du monde propose en outre d’intégrer le dispositif isolé de l’aide médicale de l’Etat (AME) à la Sécurité sociale afin de le simplifier et d’en réduire les coûts. Et l’ONG de souligner que cette aide, sans cesse dénoncée par ceux qui souhaitent la voir disparaître pour faire des économies, constitue le seul accès aux soins et à la prévention pour des étrangers en situation irrégulière dont les conditions de vie sont extrêmement difficiles. Associer l’AME à la Sécurité sociale permettrait d’intégrer ses bénéficiaires au régime général et de faciliter ainsi leur accès à la médecine de ville, notamment en luttant contre les médecins qui refusent de les soigner.
Dans son plaidoyer, MDM revient aussi sur les règles de fixation du prix des médicaments. Prenant l’exemple de l’accès aux nouveaux traitements contre le virus de l’hépatite C, les antiviraux à action directe (AAD) qui sont vendus à des tarifs « exorbitants » par les industriels, MDM demande à l’Etat de jouer pleinement son rôle de modérateur. « Dans le cas de l’hépatite C, l’action du régulateur n’a pas été suffisante pour proposer les AAD à des niveaux de prix soutenables pour l’Assurance maladie », estime l’ONG.
Protéger les migrants et les lieux de soins en zone de conflits
Concernant l’accueil des réfugiés, Médecins du monde dénonce « les politiques anti-immigration de la France et de certains Etats européens qui se traduisent par des enfermements, des expulsions et des pratiques policières violentes ». Et l’ONG de rappeler qu’il s’agit de « migrations forcées, conséquences d’inégalités sociales, politiques, économiques, de conflits et de répressions d’Etats ou des effets du changement climatique ». Selon elle, il est urgent de « replacer l’accueil et la solidarité au cœur des discours et des politiques publiques » et de prendre les mesures nécessaires pour protéger les migrants, en particulier les mineurs.
Enfin, dans un contexte international où les situations de conflits armés sont nombreuses et où les attaques contre les populations civiles et les structures médicales se multiplient, Médecins du monde souhaiterait que la France défende davantage « le principe de sanctuarisation des lieux de soins, des personnels soignants et humanitaires » et qu’elle ne vende pas d’armes aux Etats « ayant commis des crimes de guerre ».