Ablation des amygdales : une opération de moins en moins pratiquée

, par  Isabelle Coston

L’ablation des amygdales a parfois mauvaise réputation. Peut-être parce qu’il y a trente ans les chirurgiens ORL la pratiquaient un peu trop systématiquement et dans des conditions différentes de celles d’aujourd’hui. Moins fréquente désormais, elle reste préconisée, parce qu’efficace, dans certains cas bien précis.

L’opération était si banalisée qu’il arrivait que des classes entières de jeunes enfants subissent une ablation des amygdales (ou amygdalectomie), et ce sans anesthésie. A partir des années 70, de nombreux experts se sont interrogés sur l’utilité et l’efficacité de cette intervention. En 2002, en France, on en recensait encore 68 000 ; en 2010, le nombre avait diminué de moitié (35 000), selon les données de l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (Atih). La même tendance à la baisse est à noter dans tous les pays industrialisés.

Une solution contre les angines à répétition…

L’amygdalectomie avec ou sans adénoïdectomie (retrait des végétations) reste cependant l’une des interventions les plus courantes dans le monde. Plus d’une fois sur deux, elle est effectuée en ambulatoire, sous anesthésie générale avec intubation pour protéger les voies aériennes, et accompagnée d’un traitement antidouleur.
Les amygdales, ces deux petites masses glandulaires situées à l’arrière de la bouche de part et d’autre du pharynx, étaient souvent rendues responsables – à tort – de la survenue d’otites ou de rhino-bronchites. Aujourd’hui, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande l’amygdalectomie lorsque les angines sont très fréquentes (sept ou plus dans l’année en cours ou trois ou plus au cours des trois dernières années), qu’elles perturbent la scolarité, et seulement après une période d’observation minimale de six à douze mois. Si les angines ou les pharyngites ne présentent pas de critère de gravité ou que la période d’observation est inférieure à six mois, la HAS conseille « fortement » d’éviter l’opération.

... et les apnées du sommeil

Il arrive aussi que les amygdales soient trop volumineuses et gênent la déglutition et la respiration – on dit alors qu’elles sont obstructives. L’enfant éprouve des difficultés à s’alimenter normalement, ce qui a une incidence sur sa prise de poids et sa croissance.
Des amygdales trop grosses peuvent en outre gêner la respiration nocturne et favoriser le ronflement. Mais ce n’est pas parce que votre enfant ronfle qu’il faut absolument lui enlever les amygdales : c’est surtout le caractère irrégulier de la respiration et l’existence d’apnées du sommeil qui doivent alerter. Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) chez l’enfant peut en effet freiner sa croissance, nuire à ses capacités neurocognitives et, à plus long terme, être la cause de maladies cardiovasculaires. Les enfants atteints peuvent également souffrir d’énurésie (ils font fréquemment pipi au lit) ; ils ont des sueurs nocturnes et un sommeil agité, sont fatigués, et leurs résultats scolaires s’en ressentent. « En CP, notre fille avait beaucoup de difficultés pour apprendre à lire, raconte Sandra, la maman de Luna, 9 ans. Elle faisait aussi très souvent pipi au lit, parfois jusqu’à trois fois par nuit. Un test de polysomnographie à l’hôpital Trousseau (hôpital pour enfants à Paris, NDLR) a révélé des apnées du sommeil. L’ablation des amygdales et des végétations était indispensable, et nous ne le regrettons pas : une semaine après l’opération, Luna commençait déjà à lire. Il a fallu un an pour que les pipis au lit disparaissent totalement. Elle était également souvent sujette aux angines et n’en a plus jamais eu par la suite. » Aujourd’hui, 80 % des amygdalectomies sont réalisées en raison d’apnées du sommeil.

Des complications rares, mais graves

L’ablation des amygdales n’est toutefois pas sans risque : on déplore un décès pour 50 000 opérations. « Les complications associées à la réalisation de la chirurgie sont en premier lieu hémorragiques postopératoires : au premier jour (le plus souvent avant la huitième heure), de l’ordre de 1 % ; entre le huitième et le quinzième jour, de l’ordre de 1 à 3 %, expliquent les experts de la HAS*. Une réintervention chirurgicale est nécessaire dans 0,5 % des cas. »
Enfin, de retour à la maison, certaines précautions s’imposent. Il faut, par exemple, éviter tous les aliments irritants (croûte de pain, chips, gâteaux secs…) et ne pas faire d’efforts violents.

* Amygdalectomie avec ou sans adénoïdectomie chez l’enfant ou l’adolescent (moins de 18 ans), synthèse des données de la littérature, Haute Autorité de santé (HAS), décembre 2012.

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