Les chiffres de l’hépatite C sont encourageants et illustrent bien les progrès réalisés : de 100 000 personnes non diagnostiquées en 2004, on est passé à 74 000 en 2014. C’est cependant encore trop pour les spécialistes, qui considèrent qu’une meilleure prise en charge, associant dépistage précoce et accès aux nouveaux traitements élargi à tous les malades, y compris à un stade débutant, permettrait de faire disparaître complètement la maladie à l’horizon de 2025. Il faut savoir que cette infection chronique du foie se transmet par le sang, touche à 80 % les hommes (en France, essentiellement des toxicomanes qui s’échangent les seringues), évolue lentement et est potentiellement mortelle.
Elargir le dépistage
Daniel Dhumeaux, hépatologue au CHU Henri Mondor (Val-de-Marne), rappelle les recommandations émises dans son rapport remis à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, en 2014 : combiner le dépistage du virus de l’hépatite C (VHC) à celui de l’hépatite B (VHB) et du sida et dépister tous les hommes entre 18 et 60 ans ne l’ayant pas encore été. De plus, il est aujourd’hui possible de dépister en dehors des laboratoires ou des structures de soins des personnes difficilement accessibles, telles que les toxicomanes ou les personnes en situation de précarité, à partir de prélèvements capillaires ou salivaires.
Un pas de géant dans les traitements
La Journée nationale de lutte contre les hépatites virales, le 2 juin, a été l’occasion pour l’Association française pour l’étude du foie (Afef) d’affirmer que cette maladie chronique contre laquelle il n’existe aucun vaccin pourrait être totalement éradiquée grâce à l’arrivée de nouveaux médicaments. « Nous sommes passés de traitements lourds et longs avec des effets indésirables importants et des taux de guérison de l’ordre de 70 % à des traitements simples, courts, bien tolérés et qui assurent des taux de guérison de plus de 95 %, le plus souvent en seulement trois mois », a déclaré à l’AFP Victor de Ledinghen, professeur d’hépato-gastroentérologie au CHU de Bordeaux et secrétaire général de l’Afef. Il existe sept nouveaux médicaments disponibles en France, des antiviraux d’action directe, et ils pourraient bientôt y en avoir neuf.
Un coût encore exorbitant
Pour en diminuer les coûts, les médecins tablent sur l’augmentation du nombre de médicaments et la mise en concurrence des laboratoires. « Plus il y aura de molécules, plus cela fera baisser les prix de ces traitements encore très coûteux aujourd’hui », explique à Sciences et Avenir Jean-François Corty, directeur Mission France de Médecins du monde. Pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie, le coût du traitement s’élève encore à environ 50 000 euros par malade et peut atteindre jusqu’à 140 000 euros pour la cure. Aujourd’hui en France, 230 000 personnes ont une infection chronique active du virus de l’hépatite C, dont 30 000, sévèrement atteintes, devraient avoir été traitées en deux ans, mais l’ONG et l’Afef estiment que la maladie pourrait être éradiquée encore plus rapidement si le gouvernement faisait preuve de plus d’ambition. Médecins du monde rappelle la nécessité d’un accès aux traitements contre l’hépatite C pour tous, quel que soit le stade de la maladie. Des négociations doivent s’engager entre laboratoires et autorités de santé. Une maladie chronique qui disparaît : ce serait une première dans l’histoire de la médecine.