La secrétaire d’Etat chargée de la Santé, Nora Berra, vient de lancer une nouvelle campagne de communication et d’information sur la contraception. Composée d’un spot télé, d’une annonce presse, d’une affiche et d’un document à destination des professionnels de santé, cette campagne conçue par l’Institut national de prévention et d’éducation à la santé (INPES) s’adresse plus particulièrement aux femmes âgées de 20 à 35 ans sous contraceptif oral. Elle s’articule autour de la thématique suivante : « Contraception : les Françaises utilisent-elles un contraceptif adapté à leur mode de vie ? » L’idée, précise le ministère de la Santé, est d’interroger les femmes sur « l’adéquation de leur contraception avec leur situation personnelle » et de leur rappeler qu’en cas d’oublis trop fréquents de pilule une autre contraception peut être envisagée. Il faut savoir qu’aujourd’hui, en France, plus de la moitié des femmes (55,5 % en 2010) utilisent la pilule. Or, chaque année, on dénombre encore environ 200 000 interruptions volontaires de grossesse (IVG). Selon une enquête Cocon, en 2000, un cinquième des grossesses non désirées s’étaient produites chez des femmes qui prenaient la pilule et, d’après le Baromètre santé 2005, 42,3 % des recours à la contraception d’urgence chez les femmes âgées de 20 à 24 ans étaient consécutifs à un oubli de pilule.
Appel mutualiste pour une contraception gratuite pour toutes
Patch, anneau, préservatif masculin ou féminin… Effectivement, d’autres moyens contraceptifs mieux adaptés à la vie de chacune existent, mais, comme le souligne un récent appel de la MGEN et de la LMDE pour la santé et les droits des femmes, ceux-ci ne sont pas remboursés. Les prescriptions des médecins restent donc concentrées autour d’un modèle traditionnel où pilule et stérilet (après grossesse) restent très largement dominants. Pour les deux mutuelles, la volonté affichée par le ministère de la Santé de diminuer le nombre annuel d’IVG devrait plutôt passer par la gratuité de l’ensemble des moyens de contraception (rappelons que la pilule du lendemain est, elle, gratuite pour les mineures !). D’autant que la France est aujourd’hui confrontée à une autre situation inquiétante : l’accès inégal des Françaises aux centres d’interruption volontaire de grossesse. D’après l’Inspection générale des affaires sociales, 149 sites ont fermé en 2010. Résultat : certaines régions sont sous-dotées et il devient de plus en plus difficile d’obtenir un rendez-vous dans les délais légaux. Un phénomène également dénoncé par l’appel de la MGEN et de la LMDE, qui demandent aux pouvoirs publics de garantir l’accès à l’IVG pour toutes (un droit inscrit dans la loi), mais aussi d’appliquer la loi de juillet 2001 qui prévoit des programmes d’éducation sexuelle dans les écoles, collèges et lycées. Sans information, en effet, difficile de faire des choix. Et ce n’est pas le manque avéré de centres de planification qui vont arranger les choses : aujourd’hui, quatre femmes sur cinq habitent à plus de 100 kilomètres d’une de ces structures, qui ont justement la vocation de suivre la vie sexuelle des femmes et de garantir aux adolescentes un accès anonyme et gratuit à la contraception.