Poumons encrassés, goitre cancéreux, dents gâtées… Depuis le mercredi 20 avril, les fabricants de tabac ont l’obligation d’apposer des images choc sur 40 % du recto des paquets de cigarettes. L’arrêté paru dans cette direction en avril 2010 est donc entré en application un an après sa publication, le temps pour les industriels d’écouler leurs stocks. La France, 39e pays au monde à prendre cette décision, a donc choisi quatorze clichés sur une liste proposée par la Commission européenne. Ces images, censées rappeler les dangers du tabac aux 13,5 millions de fumeurs que compte le pays, sont accompagnées de slogans anti-tabac classiques comme « Fumer provoque le cancer », « Les fumeurs meurent prématurément » ou « Fumer peut nuire aux spermatozoïdes et réduit la fertilité ». Une telle campagne incitera-t-elle vraiment les fumeurs à abandonner la cigarette ? Selon l’OMS, les études effectuées après l’introduction de mises en garde illustrées au Brésil, au Canada, à Singapour et en Thaïlande ont démontré leurs effets positifs.
Un effet dissuasif qui contribue à modifier les comportements
De telles images réduisent l’attrait du tabac auprès de ceux qui ne sont pas encore dépendants et, chez les fumeurs, « contribuent à des modifications de comportement, par exemple au sevrage tabagique ou à une réduction de la consommation », déclarait en 2009 le sous-directeur général de l’OMS, Ala Alwan. Cependant, pour les associations de lutte anti-tabac, les mesures prises par la France sont encore trop timides. Interrogé par Europe 1 le 20 avril, le professeur Gérard Dubois, président d’honneur de l’association Alliance contre le tabac, a par exemple regretté que seuls 40 % du recto des paquets soient réservés à ces images. En Uruguay, c’est « 80 % de la surface des deux côtés », a-t-il précisé. Pour lui, la lutte anti-tabac ne pourra fonctionner que si elle s’appuie sur plusieurs facteurs à la fois : « l’interdiction de la publicité, l’augmentation répétée et dissuasive du prix des paquets, la protection des non-fumeurs, l’éducation et l’information, et l’aide à l’arrêt du tabac ». Aujourd’hui en France, bien que le nombre de fumeurs ait diminué de moitié depuis la loi Evin, 60 000 personnes meurent encore chaque année à cause de la cigarette.