Certes, à l’instar des Etats-Unis, la progression de l’obésité ralentit sensiblement en France. Selon la sixième édition de l’enquête nationale Obépi-Roche réalisée tous les trois ans, en collaboration avec l’Inserm, l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et Kantar Health, la prévalence n’a augmenté que de 0,5 % entre 2009 et 2012. Mais ce chiffre plutôt encourageant, notamment pour les politiques de santé publique menées depuis quelques années, ne doit cependant pas masquer la réalité du phénomène : aujourd’hui, près de 7 millions de personnes âgées de plus de 18 ans sont concernées, soit 15 % de la population adulte. En 1997, date de la première enquête, le taux ne dépassait pas les 8 %. Au total, 32,3 % des adultes sont désormais en surpoids, ce qui représente 15 millions de personnes. En quinze ans, le poids moyen des Français a augmenté de 3,6 kilos et leur tour de taille a pris 5,3 centimètres. Or, on sait aujourd’hui que l’adiposité abdominale est associée à « un risque accru de maladies cardio-métaboliques, d’insulino-résistance et de certains cancers », rappelle l’étude. Ainsi, « 31,7 % des individus obèses présentent au moins un problème cardiovasculaire, contre 20,4 % pour la moyenne nationale ».
Pas de ralentissement chez les jeunes
Si l’épidémie marque le pas chez les adultes, c’est loin d’être le cas pour les 18-25 ans. Dans cette tranche d’âge, l’obésité a fait un bon de 35 % en trois ans – elle touche désormais 5,4 % des jeunes –, alors que la variation dans les autres tranches d’âge se situe entre - 1,5 % et + 4,5 %. « Dans les années 90, nous avons constaté une augmentation significative de l’obésité de l’enfant, explique le docteur Marie-Aline Charles, directrice de recherche à l’Inserm et coordinatrice de l’enquête. Cette tranche d’âge arrive aujourd’hui à l’âge adulte et explique en partie la hausse constatée. » A noter également, en 2012, comme depuis 2003, la prévalence de l’obésité est plus élevée chez les femmes (15,7 %) que chez les hommes (14,3 %). En revanche, le surpoids touche plus la population masculine (38,8 %) que féminine (26,3 %).
Le facteur social confirmé
Malgré le ralentissement de l’épidémie, en particulier dans les classes moyennes et supérieures, « il persiste d’importantes différences de prévalence entre les catégories socioprofessionnelles », note l’enquête. L’obésité concerne 16,7 % des ouvriers et 16,2 % des employés, contre 8,7 % des cadres supérieurs et des professions libérales. Comme dans chaque étude Obépi menée depuis 1997, les foyers aux faibles revenus restent les plus touchés : ainsi, l’obésité concerne 25,6 % des personnes dont les revenus sont inférieurs à 900 euros mensuels, contre seulement 7 % de celles qui gagnent plus de 5 301 euros par mois.
Enfin, l’enquête confirme aussi les disparités régionales nord-sud : la prévalence atteint 21,3 % dans le Nord-Pas-de-Calais (région la plus touchée) et seulement 11,6 % dans le Midi-Pyrénées. On constate aussi un gradient décroissant est-ouest avec une prévalence de 18,6 % en Alsace contre 11,8 % en Pays-de-la-Loire.