Les chiffres présentés à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le cancer, le 4février, sont effarants : en 2006, 7,6 millions de décès étaient dus au cancer. Cela représente 13 % de la mortalité dans le monde. « Pire, on constate une augmentation de 1 à 3 % des cancers chez les enfants et les adolescents », affirme Michèle Rivasi, député européenne Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et spécialiste des questions sanitaires, dans un communiqué de presse sur son site Internet.
Accentuer la prévention
Pour autant, il faut mettre ces chiffres en balance. Aujourd’hui, en effet, 60 % des cancers peuvent être guéris. La prévention des risques a permis de diminuer de 40 % le nombre de cas, notamment en obligeant les populations à prendre conscience des facteurs aggravants (tabac, alcool, inactivité physique, etc.) et en les incitant au dépistage.
Malgré cela, une étude Ipsos, réalisée pour la Fondation Arc, révèle que 70 % des Français ne font rien pour éviter le cancer. L’enquête montre « un comportement fataliste et résigné » face à cette maladie. Les Français se focalisent sur son caractère héréditaire, alors que celui-ci n’intervient que dans 5 à 10 % des cas.
D’où l’importance de la prévention, pour Jacqueline Godet, présidente de la Ligue nationale contre le cancer. « L’un des acteurs à mobiliser est certainement l’Education nationale, car plus l’individu est sensibilisé jeune aux questions de santé, plus fort sera l’impact que cette sensibilisation aura sur son vécu et sur celui de ses proches », analyse-t-elle sur son blog. Dans une démarche similaire, la Fondation Arc a lancé un site Internet intitulé « Prévention des cancers ».
Une responsabilité politique
Une autre enquête, menée par la Ligue contre le cancer cette fois, montre qu’il existe aussi des différences culturelles dans le rapport à la maladie. Ainsi, les Français, habitués à une approche collective des questions de santé, se sentent moins responsables individuellement. Exemple frappant : ils sont 50 % à estimer ne pas avoir de mode de vie à risque et 37 % à être fatalistes. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire de mener une action politique forte, tant sur le plan de la prévention que sur celui de l’action. « L’inaction politique dans la lutte contre le cancer est criminelle », affirme Michèle Rivasi, arguant qu’environ 5 millions de salariés en France seraient exposés à des agents cancérogènes.
« Réduire les peurs, contrecarrer les idées reçues, modifier l’image du cancer nécessitent des actions, des communications, des visions d’avenir, au plus haut niveau », estime Jacqueline Godet. Du citoyen au dirigeant, personne ne sera de trop pour lutter contre le cancer.