Avec 36,5 % des dépenses brutes, les médicaments sont le premier poste du budget santé des Français en 2010, loin devant les consultations et, plus généralement, les frais liés aux services rendus par les médecins. Il faut dire que les médicaments coûtent cher, et de plus en plus, comme le montre une étude de l’Insee menée entre 2000 et 2010.
Des mesures politiques coûteuses
Celle-ci révèle que, sur les dix dernières années, le prix des remèdes facturés aux consommateurs a augmenté de 0,6 % par an en moyenne, ce qui représente une hausse globale de 6,8 %. L’enquête a porté sur les prix dits nets, c’est-à-dire après le retrait de la part prise en charge par la Sécurité sociale, mais sans compter les remboursements des complémentaires santé.
Cette évolution des prix est, selon l’Insee, le résultat de différentes mesures prises depuis dix ans en matière de santé publique. La création de franchises sur les boîtes de médicament, la baisse du taux de remboursement, le tout combiné à plusieurs politiques de déremboursement ont augmenté la part revenant à la seule charge du malade.
Des génériques moins chers
Pourtant, dans le même temps, le coût de fabrication des médicaments (le prix dit brut) a diminué de 1,8 % en moyenne. Cela est dû, notamment, au développement des génériques, qui ont pour effet d’obliger « les laboratoires proposant le princeps correspondant à baisser leur prix de façon à rester compétitifs », constate l’Insee.
Les politiques de santé publique ont aussi un rôle dans la diminution des frais de fabrication. Afin de limiter les dépenses de santé de l’Assurance malade, les gouvernements successifs, depuis 2010, ont pris des mesures qui ont obligé les laboratoires à réduire leur prix de revient, faisant ainsi chuter le prix brut des médicaments.
Le paradoxe de la santé publique
Et la hausse continue du prix net des médicaments n’est peut-être pas près d’être endiguée. Le gouvernement Ayrault, dans sa volonté de tenir les promesses de campagne du président François Hollande, souhaite contenir les dépenses de santé à 2,7 %. Pour cela, Marisol Touraine a réuni médecins, organismes de complémentaires santé et Assurance maladie autour d’une table, ce mercredi 25 juillet. Ils ont trois mois pour trouver un moyen de faire des économies. Or dans les solutions avancées par la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), figure déjà la possibilité de baisser le remboursement des génériques. Cela aurait pour effet direct, s’il n’y a pas d’augmentation de la prise en charge par les complémentaires, de relever encore une fois le prix des médicaments pour les consommateurs. Là réside le paradoxe de la santé publique : vouloir soigner correctement le plus grand nombre, tout en dépensant moins.