Conformément à l’annonce faite par le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, lors de la publication du rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur le Mediator le 15 janvier, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) et la Direction générale de la santé viennent de présenter une liste de 77 médicaments et 12 classes thérapeutiques faisant l’objet d’un « suivi renforcé de pharmacovigilance ». C’est la première fois qu’une telle liste est rendue publique en France. L’Afssaps précise que les médicaments y figurant sont tout particulièrement suivis soit parce que les autorités sanitaires l’ont jugé nécessaire à titre préventif, soit parce que des signaux de risque ont été détectés. Parmi les produits cités, certains seront retirés du marché et d’autres font actuellement l’objet d’une réévaluation de leurs bénéfices-risques ou d’une surveillance de routine. « Ces médicaments bénéficient d’une autorisation de mise sur le marché : le bénéfice qu’ils apportent aux patients dans leurs indications thérapeutiques est donc jugé plus important que le risque lié à leur utilisation, précise tout de même l’Afssaps. Aussi la présence d’un médicament sur cette liste est-elle une garantie pour les patients. Cela ne doit en aucun cas conduire les patients à qui il a été prescrit un de ces médicaments à l’interrompre sans avoir préalablement pris conseil auprès de leur pharmacien et/ou consulté leur médecin. »
Retraits programmés du marché
Certains médicaments de cette liste seront retirés du marché dès le 1er mars prochain. Il s’agit notamment de produits antidouleur contenant du dextropropoxyphène (Diantalvic, Propofan et leurs génériques). C’est aussi le cas du Noctran (acépromazine, acéprométazine, clorazépate), un médicament prescrit contre les troubles du sommeil. Les agonistes dopaminergiques utilisés dans les traitements contre la maladie de Parkinson et accusés de déclencher des troubles de jeu pathologique sont quant à eux en cours de surveillance. Cinq autres médicaments font l’objet d’une réévaluation de leurs bénéfices-risques et pourraient être retirés du marché : l’Hexaquine (quinine), utilisé contre les crampes et pouvant provoquer des réactions allergiques cutanées et hépatiques graves ; le Multac (dronédarone), une spécialité traitant les troubles du rythme cardiaque et faisant l’objet d’une alerte pour atteintes hépatiques ; le Nexen (nimésulide), un anti-inflammatoire induisant des risques hépatiques et gastro-intestinaux ; le Mynosine (mynocycline) et ses génériques, utilisés contre l’acné et pouvant provoquer une hyper-photosensibilité ; enfin, les médicaments contenant du nitrofurantoine (Furandatine, Furadoine, Microdoïne), prescrits contre la cystite et présentant des risques toxiques pour le foie et les poumons. Une réévaluation du rapport bénéfices-risques est également envisagée pour la fameuse pilule contre l’obésité Alli (orlistat) : celle-ci induit des risques de mésusage, de troubles pancréatiques et hépatiques. Par ailleurs, le Fonzylane (buflomédil), un médicament dénoncé récemment par la revue Prescrire comme ayant des effets indésirables neurologiques et cardiaques particulièrement en cas de surdosage, devrait être prochainement retiré du marché : suite à la réévaluation de son rapport bénéfices-risques, la commission chargée de se pencher sur le renouvellement de son autorisation de mise sur le marché a émis un avis défavorable.