Si les Français ne sont plus les champions d’Europe de la consommation de médicaments, ils restent encore très attachés à leurs pilules. Mais cet engouement pourrait être mis en relation avec le nombre excessif de nouveaux traitements qui envahissent le marché chaque année.
C’est en tout cas le constat que dresse la Haute Autorité de santé (HAS) : en 2011, un seul médicament sur les 232 nouveaux testés apporterait une amélioration majeure. C’est pourquoi la HAS travaille, depuis le 18 septembre, sur un nouveau critère d’évaluation des produits pharmaceutiques.
Son cheval de bataille : l’ITR, comprenez l’indice thérapeutique relatif unique. « Il s’agit de ne plus évaluer un nouveau médicament dans l’absolu, pour lui-même, mais par comparaison à d’autres stratégies thérapeutiques de référence », explique le professeur Jean-Luc Harousseau, président de la HAS. Le but est de voir si le nouveau médicament proposé par un laboratoire pharmaceutique apporte une véritable efficacité supplémentaire par rapport aux traitements déjà existants. Si d’aventure ce n’était pas le cas, alors il n’obtiendrait pas l’autorisation de mise sur le marché (AMM), qui lui est nécessaire pour pouvoir être prescrit. A terme, l’ITR devrait remplacer le service médical rendu (SMR), l’actuel système d’évaluation.
10 milliards d’euros d’économies possibles
Mieux évaluer la pertinence d’un médicament permettrait également de réaliser de nombreuses économies. La députée européenne Europe Ecologie–Les Verts Michèle Rivasi estime que la Sécurité sociale pourrait sauver près de 10 milliards d’euros. Sur les 232 nouveaux traitements testés par le SMR, 209 entrent en effet dans la catégorie « aucune amélioration thérapeutique ». Pourtant, ils ont tous obtenu l’autorisation de mise sur le marché, ils ont donc tous pu être prescrits par un médecin et doivent tous être remboursés par la Sécurité sociale. Et l’addiction des Français aux médicaments fait d’eux les premiers consommateurs de ces nouvelles molécules sans efficacité ajoutée. Michèle Rivasi estime qu’aujourd’hui les dépenses de santé des Français représenteraient 37 milliards d’euros, par an. Sur 10 consultations chez le médecin, 9,7 aboutissent effectivement à une ordonnance. Seule une boîte de médicament sur quatre est un générique, alors que la proportion est de 80 % en Grande-Bretagne et de 60 % en Allemagne.
Ce sont là différentes pistes pour recadrer les dépenses de santé publique en France.