En cinquante ans, la consommation de soins et de biens médicaux a augmenté plus vite que le produit intérieur brut (PIB). Elle est en effet passée de 3,5 % du PIB en 1960 à 9 % en 2011. Dans le même temps, les études ont constaté une hausse des dépenses de santé avec l’âge : un septuagénaire consommerait quatre fois plus qu’un trentenaire. De là à voir un lien de causalité entre le vieillissement de la population et l’augmentation des frais médicaux, il n’y a qu’un pas.
Pourtant, plusieurs études révèlent que l’allongement du temps de vie n’est pas le seul facteur agissant sur l’évolution des dépenses de santé. Ainsi, avec l’amélioration de leur niveau de vie, les Français sont devenus plus demandeurs de soins. De la même manière, le progrès technique s’est accompagné d’une augmentation des coûts des biens médicaux. Sans compter les changements de politique en matière de maîtrise des coûts : la situation économique de la France dans les années 70 n’étant pas la même que celle des années 2000, les taux de remboursements sont souvent utilisés comme variable d’ajustement du budget santé du gouvernement.
Les conséquences de la dépendance
Bien évidemment, il n’est pas question de nier que la population, en vieillissant, aura besoin de plus de soins, mais seulement de comprendre que « le vieillissement ne jouerait donc pas un rôle aussi massif dans la croissance des dépenses de santé que ce que l’on pourrait croire au premier abord », constate l’Institut de recherche en santé publique (Iresp), dans Questions de santé publique (n° 19, décembre 2012).
L’institut se penche également sur la dépendance et la perte d’autonomie, particulièrement des personnes âgées. Il est en effet indéniable que « le nombre de personnes âgées dépendantes augmentera dans les années à venir, en raison même de l’accroissement du nombre de personnes âgées ». Or, le coût de l’aide formelle à ces Français, c’est-à-dire celle apportée par des professionnels de santé, est relativement bien évalué dans les études. En France, « le secteur public couvre environ 70 % du coût de la perte d’autonomie ». En 2011, 24 milliards d’euros de dépenses publiques (1,3 % du PIB) y ont été consacrés, ce qui nous situe au septième rang des pays de l’Union européenne.
En revanche, le coût de l’aide informelle, concernant toutes les dépenses supportées par les personnes dépendantes ou leur entourage, est sous-évalué, voire ignoré. Les proches d’une personne en perte d’autonomie, en première ligne de l’aide humaine nécessaire, sont totalement invisibles dans les comptes sociaux, mais l’impact sur la société est pourtant réel. On imagine facilement les jours d’absence au travail pour s’occuper d’un parent dépendant, l’accompagner à l’hôpital ou l’aider à faire ses courses. Les évolutions démographiques (éloignement des enfants, divorces, enfants uniques…) ont des conséquences sociales directes.