Pourquoi, en France, les thérapeutiques non médicamenteuses reconnues, telles la psychothérapie, la diététique, la kinésithérapie ou la pratique d’une activité sportive, sont-elles si rarement envisagées dans la prise en charge de patients comme ceux souffrant de maladies cardiovasculaires ou d’insomnies ? Telle est la question soulevée par la Haute Autorité de santé (HAS) dans un rapport d’orientation remis le 7 juin au ministère de la Santé.
Parmi les freins identifiés au développement de ces traitements alternatifs : le rôle symbolique de la prescription médicamenteuse. « Les prescriptions médicamenteuses disposent, particulièrement en France, d’une dimension symbolique qui prend racine à la fois dans l’objet médicament et dans le geste du médecin rédigeant une ordonnance à l’attention de son patient », note la HAS. D’après le rapport, pour le patient, la prescription sous-entend que sa plainte est bien fondée et que le chemin vers la guérison sera simple à accomplir. Prendre un médicament est plus facile et moins coûteux que de s’engager dans une thérapeutique alternative nécessitant une participation et un investissement actifs.
Manque de temps des médecins
Autre explication avancée par la HAS : « les caractéristiques spécifiques au système de santé français », qui n’incitent pas les professionnels à prescrire ce type de traitement. Les médecins manqueraient notamment de temps pour convaincre les patients de leur intérêt et aussi d’informations sur la disponibilité des professionnels de ces thérapeutiques non médicamenteuses. Enfin, « des inégalités sociales, économiques (reste à charge pour les patients) et géographiques (manque de professionnels spécialisés dans certains territoires) », peuvent également expliquer le phénomène.
Pour encourager le développement de ces thérapies, toujours envisagées en complément d’une prise en charge classique, la HAS propose donc de revoir le mode de rémunération des médecins, le paiement à l’acte ne leur permettant pas de prendre le temps nécessaire à ce type de prescription. La Haute Autorité recommande aussi aux pouvoirs publics d’approfondir et de développer les études sur ces traitements non médicamenteux, notamment pour prouver leur efficacité et renforcer leur reconnaissance. Enfin, le rapport suggère également d’« officialiser la prescription de thérapeutiques non médicamenteuses en rendant systématique leur inscription sur l’ordonnance au même titre que les médicaments ».