Le baclofène est un médicament connu pour être utilisé dans le traitement de l’alcoolodépendance, bien que son autorisation de mise sur le marché (AMM), qui date de 1975, ait été obtenue pour les patients atteints de sclérose en plaques ou de troubles spastiques* médullaires. Cependant, malgré une interdiction de prescription formelle pour une pathologie différente que celles pour lesquelles le médicament est normalement utilisé, de plus en plus de personnes y ont recours pour des problèmes de troubles alimentaires ou dans le cadre d’un régime amincissant. Après la controverse à la suite de l’autorisation en Europe du coupe-faim Mysimba, en décembre dernier, pour lequel la France a estimé que la sécurité du médicament n’était pas suffisamment démontrée, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) s’alarme des effets potentiellement dramatiques que pourrait avoir le baclofène utilisé à mauvais escient.
La pharmacovigilance mise en place par l’ANSM en ce qui concerne le baclofène a récemment été renforcée, et l’agence alerte désormais le public sur les risques, éventuellement graves, qu’il encourt en utilisant ce médicament pour des emplois alternatifs. Le baclofène a la réputation d’avoir des effets coupe-faim, ce pour quoi il n’a pourtant jamais démontré d’efficacité potentielle. Par ailleurs, l’ANSM rappelle que ses effets indésirables peuvent être très graves, provoquant, pour ses incidences les plus bénignes, des nausées ou des vomissements et, pour les plus dangereuses, jusqu’à des troubles cardiaques ou encore des tentatives de suicide.
Des prescriptions très encadrées
Si le baclofène a obtenu son autorisation de mise sur le marché en 1975, c’est dans le cadre du traitement d’affections lourdes et bien définies. Ce n’est qu’en mars 2014 que le médicament a reçu une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) dans le traitement de l’alcoolodépendance, permettant ainsi de pratiquer des essais cliniques dans l’objectif de démontrer son utilité pour cette pathologie. Le médicament ne bénéficie d’aucune autorisation de prescription pour des usages autres que ces derniers et son utilisation reste très encadrée, plus encore dans ses utilisations relatives au traitement de l’alcoolodépendance, qui n’en sont encore qu’à l’état de tests. Même dans ces circonstances, les médecins ne peuvent en effet le prescrire que dans certaines conditions strictes, lorsque les autres traitements envisageables se sont révélés inefficaces.