Dans le domaine de la santé, la tendance générale va plutôt aux mauvaises nouvelles : diabète en augmentation, cancer partout et assiettes empoisonnées... Alors quand une réunion internationale comme le sixième congrès sur l’hépatite s’ouvre avec l’annonce d’une quasi-victoire, en vingt-cinq ans, sur l’hépatite C, on applaudit et on écoute.
Les progrès de la médecine sur cette maladie ne sont certes pas totalement terminés. Selon les spécialistes, 90 000 personnes en France seraient encore porteuses du virus sans le savoir. Or l’hépatite C ne se trouve pas si on ne la cherche pas et elle reste mortelle lorsqu’elle n’est pas traitée suffisamment tôt. Plusieurs médecins ont donc fait circuler, à l’occasion du congrès, une tribune intitulée « Mobilisation pour la dernière ligne droite ».
Des économies à long terme
Dans le cadre de cette publication, les spécialistes (le professeur Patrick Marcellin en tête) font appel notamment aux pouvoirs publics pour apporter la dernière pierre à l’édifice et sauver les 30 % des malades de l’hépatite C qui ne sont pas soignés. Ils dénoncent le manque de moyens disponibles pour dépister plus rapidement la maladie et demandent une meilleure prise en charge de celle-ci en ce qui concerne les dernières thérapies.
Loin d’être ignorants de la situation budgétaire de la Sécurité sociale, les médecins y voient, eux, le moyen de faire des économies à long terme. « Certes, la généralisation de la prise en charge des malades et la prescription des traitements les plus récents auront un ratio coût-efficacité négatif à brève échéance », reconnaissent-ils, mais ils estiment que « le traitement d’une cirrhose, d’un cancer du foie ou d’une transplantation hépatique sera sans commune mesure avec celui d’un traitement devant permettre de les éviter ». Or l’hépatite C est, à ce jour, la première cause de greffe du foie.
« Des choix draconiens »
Les spécialistes estiment également que ce manque de moyens et la trop faible prise en charge de la maladie mettent « les équipes françaises face à des choix draconiens ». « Dans l’impossibilité de traiter tous les patients qui se présentent, et encore moins ceux qui devraient se présenter, elles sont obligées de privilégier les plus sérieusement atteints », expliquent-ils. Par conséquent, les autres perdent des chances de survivre. Pourtant, la France reste encore classée parmi les trente pays présentant les meilleures stratégies en matière de santé vis-à-vis des personnes souffrant d’hépatite C, et ce malgré les 3 500 décès que la maladie cause chaque année.