Un an et demi après la signature d’un arrêté rendant obligatoire l’équilibre nutritionnel dans les cantines, l’UFC-Que choisir a passé au peigne fin les menus servis dans 606 communes et établissements scolaires de France. Au total, plus de 12 000 repas distribués sur vingt jours consécutifs ont été analysés par l’association de consommateurs sur la base de critères issus de la réglementation en vigueur.
Verdict : un bilan plutôt « mi-figue mi-raisin ». Si, selon les auteurs de l’étude, les cantines scolaires proposent globalement suffisamment de féculents, de légumes et de produits laitiers, la fréquence des plats plus chers à base de viande rouge, de poisson, de crudités et de fruits frais, souvent remplacés par des produits hachés bon marché, demeure en revanche trop faible. « Les rares fois où de la viande rouge est servie, les cantines proposent un plat de substitution plus alléchant pour les élèves, comme des nuggets », explique Olivier Andrault, chargé d’études nutrition et alimentation à l’UFC-Que choisir. « Dans certains cas, il s’agit de pratiques délibérées visant à orienter le choix des élèves vers les plats les moins chers en diminuant le coût des aliments servis », commente l’étude.
L’impact de la nouvelle réglementation
Autrefois largement critiquées par les autorités sanitaires, les écoles primaires du secteur public décrochent désormais la meilleure note en matière d’équilibre nutritionnel, soit une moyenne de 15,2/20. Pour L’UFC-Que choisir, ce résultat révèle l’impact décisif de la nouvelle réglementation : « Sur douze communes ayant écopé de l’appréciation “médiocre” ou “mauvais” en 2005 (lors d’une précédente enquête, NDLR), onze décrochent l’examen 2013 haut la main, avec une moyenne de 15,5 », précise l’étude. En revanche, avec une note de 12,6/20, les résultats sont plus décevants pour les établissements secondaires publics. Une moyenne qui s’explique notamment par les menus avec choix proposés dans les selfs des collèges et des lycées. Selon l’UFC, ce type de restauration laisse les jeunes consommer certains aliments à des fréquences très inférieures à la norme : « Dans plus d’un tiers des établissements, les élèves peuvent ne manger aucune viande rouge non hachée pendant un mois, si leur choix se porte sur d’autres plats de résistance moins intéressants du point de vue nutritionnel », constate l’association.
Bonnet d’âne pour les écoles privées
Avec une moyenne de 11,3, les écoles privées font figure de mauvais élèves. D’après l’étude, le secteur se caractérise même par « des graves lacunes dans l’apprentissage de l’équilibre nutritionnel ». Ainsi, les produits hachés bon marché seraient largement privilégiés au détriment des viandes rouges. Les établissements privés auraient également du mal à assurer une fréquence acceptable de poisson et de légumes d’accompagnement.
Autre point noir souligné : l’implantation de la « junk food » au cœur des établissements du secondaire. Dans dix collèges et trente-huit lycées, les élèves ont désormais la possibilité de déjeuner dans des stands de type sandwicherie ou fast-food situés à proximité de la cantine et non soumis aux mêmes contraintes nutritionnelles. « Cette junk-food s’installe et se développe en dehors de toute obligation. C’est une découverte inquiétante qui nous amène à demander une extension de la réglementation », explique Olivier Andrault. Cette demande urgente intervient alors qu’une mission gouvernementale chargée de recenser les normes inutiles envisage justement d’abroger le texte sur l’équilibre nutritionnel dans les restaurants scolaires. Pendant ce temps, l’obésité gagne du terrain et concerne désormais 18 % des enfants, rappelle l’association.
Pour accéder à l’analyse détaillée des menus des communes et des établissements étudiés : Quechoisir.org.