Le cancer du côlon est responsable, en France, de 17 000 morts par an, et 41 500 cas sont diagnostiqués chaque année, ce qui fait de lui le deuxième cancer le plus meurtrier du pays, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. La plupart des décès résultent d’un diagnostic beaucoup trop tardif de la maladie. Malgré un programme national qui invite tous les deux ans les personnes ayant entre 50 et 74 ans à venir gratuitement se faire dépister, les Français sont encore très réticents à le faire.
Une méthode moins contraignante
Pourquoi ? Pour plusieurs raisons, souvent erronées ou alors incommodantes, comme le montre une vidéo du site E-cancer.fr, qui combat les idées reçues concernant le test Hemoccult. D’abord parce que celui-ci fait appel à une partie du corps, le côlon, pour laquelle certaines personnes peuvent être pudiques. Or le test se réalise seul, chez soi. Ensuite, nombreux sont ceux pensant qu’il coûte cher, alors qu’il est gratuit. Enfin, recueillir ses selles, puis les envoyer n’est pas forcément un acte agréable à réaliser. C’est là que Septine 9 peut jouer un rôle important. Il permettrait, en effet, avec une simple prise de sang de détecter la présence éventuelle de traces de cancer colorectal. De plus, il est aussi fiable, voire plus que le test de recherche de sang dans les selles pratiqué aujourd’hui. « Septine 9 a un taux de fiabilité qui va de 70 à 80 % en moyenne. Le programme national utilise un test [Hemoccult] dit de "génération 1", dont la fiabilité se situe autour de 50 % », constate le docteur Jérôme Viguier, gastro-entérologue chargé des dépistages auprès de l’Institut national du cancer (INCa). « Mais le réel avantage du test sanguin, c’est qu’il s’agit d’une méthode moins contraignante qui rebuterait moins les populations à risque », précise-t-il. Un avantage non négligeable, puisqu’il est important de prendre en charge les cas de cancer le plus tôt possible.
Dix fois plus cher
Il faut néanmoins relativiser cette avancée. Le test coûte, en effet, « presque dix fois plus cher que celui utilisé actuellement », tempère le docteur Viguier. A cela s’ajoute qu’il n’a pas encore été expérimenté à grande échelle. Jusqu’à présent, Septine 9 a eu de bons résultats lors d’essais en laboratoire sur des personnes déjà atteintes ; reste désormais à montrer qu’il est toujours aussi fiable sur une grande population. Une vérification du test sera ainsi réalisée dans les mois à venir, avant de pouvoir l’utiliser de manière systématique. Ce qui n’empêche pas Septine 9 d’être commercialisé.
En attendant, « le programme national de dépistage du cancer colorectal va se doter d’une nouvelle technique tout aussi performante que Septine 9 », explique Jérôme Viguier. Il s’agit toujours d’une recherche de sang dans les selles, mais avec, cette fois, un test dit de deuxième génération fiable à 80 %.