Elles sont nombreuses, les femmes désirant être mère qui ont entendu parler du baby blues. Connu également sous le nom « syndrome du troisième jour », celui-ci donne aux jeunes mamans l’envie de pleurer au moment où elles sont censées vivre les plus beaux jours de leur vie, mais cette réaction n’est que passagère. En revanche, elles sont plus rares à connaître la dépression post-partum, qui se déclare, comme son nom l’indique, après la naissance, de quelques mois à un an plus tard, et qui est bien plus grave. Si 50 % des jeunes mamans font un baby blues, on estime que 10 % d’entre elles présentent de véritables troubles d’ordre dépressif.
Difficile à détecter
Pourtant connu depuis le début des années 60, ce trouble psychologique est encore trop peu souvent détecté, ou alors très tardivement. La faute au tabou, selon les spécialistes. « Il est encore difficile à ce jour, en France, de parler du mal-être d’une femme durant sa grossesse et après l’accouchement », explique au Figaro Elise Marcenda. Elle est membre de Maman Blues, une association qui vient en aide aux jeunes mères en difficulté et qui veut attirer l’attention des pouvoirs publics sur les risques liés à la dépression post-partum.
En 2005, une première avancée avait été faite dans le cadre du Plan périnatalité avec la mise en place d’un entretien non médical au quatrième mois de grossesse. Une initiative qui devait aider à détecter les personnes à risque, mais il semblerait, selon des évaluations encore non officielles, que moins de 50 % des futures mamans en bénéficient réellement. A cela s’ajoute un temps d’hospitalisation de plus en plus court après l’accouchement. Dans ces conditions, la détection des troubles est très difficile.
Une maladie dangereuse
A la sortie de la maternité, les femmes se retrouvent très vite isolées, n’osant pas parler de ce qu’elles vivent par peur de passer pour une mauvaise mère. Il arrive également que la dépression post-partum ne soit identifiée que très longtemps après, lors d’une consultation chez un psychologue pour un problème différent. Le praticien se rend alors compte que les désordres émotionnels de la patiente peuvent remonter à son premier ou à son deuxième accouchement.
Si certaines vivent avec cette maladie sur une longue période, il ne faut pas pour autant la prendre à la légère. Les conséquences de la dépression post-partum peuvent aller de l’humeur dépressive en fonction des jours aux idées suicidaires, en passant par des troubles du sommeil, une perte de l’appétit et la sensation d’être incompétente. Sans même parler des répercussions pour l’enfant, qui grandit avec une mère souvent distante, parfois méchante et surtout très déprimée.