Les résultats d'une étude sur la santé des jeunes révèle que le nombre de jeunes développant de troubles psychologiques ne cesse de croître.

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La santé mentale des adolescents se dégrade selon une nouvelle étude

Les résultats de l’étude Enclass, menée en 2022 et qui s’intéresse à la santé physique et mentale des adolescents, sont tombés. Si une majorité d’adolescents déclare se sentir bien, le nombre de jeunes développant un mal-être et des troubles psychologiques ne cesse de croître.

C’est un sujet qui revient fréquemment sur le devant de la scène, et qui préoccupe les pouvoirs publics. Les jeunes sont de plus en plus nombreux à connaître une dépression, de l’anxiété et des troubles psychologiques. Un constat confirmé par la nouvelle étude Enclass (pour enquête nationale en collèges et en lycées chez les adolescents sur la santé et les substances) dont les résultats ont été dévoilés par Santé Publique France.

L’étude menée par l’École des hautes études en santé publique (EHESP) et l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), en partenariat avec l’Éducation nationale, porte autant sur le bien-être physique que mental des ados, et sur la perception que ces derniers en ont. Au total, 9 337 élèves du secondaire ont participé au sondage, mené en 2022.

Une bonne santé physique… mais pas mentale

Sur l’aspect de la santé physique, les chiffres sont encourageants : 86 % des collégiens et 84 % des lycéens s’estiment en bonne santé. De même, ils sont une grande majorité à avoir une perception positive de leur vie actuelle, puisque 82 % des collégiens et 77 % des lycéens se déclarent satisfaits de leur condition de vie. Mais c’est lorsque l’on s’intéresse à leur santé mentale que le bât blesse.

Au fur et à mesure que les adolescents avancent dans leur scolarité secondaire, l’étude remarque une dégradation de la santé mentale. Ainsi, seuls 59 % des collégiens et 51 % des lycéens déclarent se sentir en bonne santé mentale. Des chiffres en baisse par rapport à l’étude précédente, menée en 2018. Et lorsque l’on s’attarde plus précisément sur les troubles développés par ces adolescents, les résultats ne prêtent pas à l’optimisme.

Solitude et risques de dépression

Parmi les troubles mis en avant par les chercheurs, la solitude et l’isolement social sont les plus fréquents, puisqu’ils touchent 21 % des collégiens et 27 % des lycéens. Une hausse largement documentée par des études similaires menées depuis le déclenchement de la pandémie de Covid-19, qui a entraîné confinements et mesures de distanciation sociale.

Les chercheurs ont par ailleurs noté que 51 % des collégiens et 58 % des lycéens « présentent des plaintes psychologiques ou somatiques récurrentes (c’est-à-dire au moins deux plaintes plus d’une fois par semaine durant les six derniers mois) ». Des symptômes tels que la nervosité, l’irritabilité, le mal de dos ou les difficultés à trouver le sommeil sont mis en avant. Dans le même temps, 14 % des collégiens et 15 % des lycéens présentent des risques de dépression, marqués par un manque d’énergie, des difficultés à réfléchir et un découragement.

Des pensées suicidaires plus fréquentes

Plus grave encore, près d’un quart des élèves du secondaire (24 %) a eu des pensées suicidaires au cours de l’année écoulée. Parmi eux, 13 % avaient déjà eu des idées sombres auparavant et 3 % ont dû être hospitalisés après avoir tenté de mettre fin à leur jour.

Les filles sont aussi plus promptes à déclarer des problèmes de santé mentale. Toutefois, l’étude remarque que, peu importe leur genre, les collégiens et lycéens sont de plus en plus nombreux à développer des troubles psychologiques sur la période 2018-2022. Mais, « cette dégradation est plus marquée chez les jeunes filles et creuse l’écart garçons-filles déjà observé auparavant ».

De l’information et de l’écoute pour aller mieux

La directrice de Santé publique France Caroline Semaille note d’ailleurs que « la santé mentale des adolescents s’est dégradée, en France comme à l’international ». Une situation complexe mais pas irrémédiable selon la docteure et chercheuse. « Chacun peut prendre soin de sa santé mentale en adoptant des comportements bénéfiques pour son bien-être, comme pratiquer une activité physique, prendre du temps pour des loisirs, dormir suffisamment, aider les autres… » estime-t-elle dans le communiqué. 

Car au-delà de ces conseils, plusieurs ressources ont été mises en place ces dernières années. Le Fil santé jeunes, qui s’adresse à l’ensemble des 12-25 ans, propose une ligne d’écoute disponible sept jours sur sept de 9 heures à 23 heures, au 08 00 23 52 36. Forums, informations et orientations vers des structures d’aides. Outre en santé mentale, les médecins, psychologues et éducateurs participant au dispositif sont compétents en matière de sexualité et contraception.

Pour prévenir le suicide, le 31 14, un numéro spécial accessible à tout moment, permet d’être mis en lien avec un professionnel de santé, qui assure une mission d’écoute active et de prévention pour éviter de passer à l’acte.

© C i E M / Mathieu Yerle